Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/620

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Franc d’origine, et qu’il affectoit de porter toujours l’habillement particulier à cette nation. Un jour qu’il trouva une troupe de francs vêtus avec ces Bracca, il ne pût s’empêcher de dire : voilà nos hommes libres, voilà nos Francs, qui prennent les habits du peuple qu’ils ont vaincu. Quel augure ? Non contens de cette reprimande, il défendit expressément aux Francs cette sorte de vêtement. En effet, ce n’avoit été qu’après des guerres longues et sanglantes, que Pépin et que Charlemagne étoient venus à bout de forcer les Romains de l’Aquitaine, et ceux de quelques provinces voisines à se soumettre à leur domination. Dans le tems des guerres des Aquitains contre les princes de la seconde race, le parti des Aquitains s’appelloit le parti des Romains. Nous en avons dit les raisons dans le chapitre douziéme du quatriéme livre de cet ouvrage.

Ainsi, lorsque la plûpart des ducs, des comtes, et des autres officiers du prince se cantonnerent sous les derniers rois de la seconde race, les diverses nations qui composoient le peuple de la monarchie Françoise, ne differoient plus par la langue et par les vêtemens. Elles ne differoient l’une de l’autre que parce qu’elles vivoient, quoique mêlées ensemble, suivant des loix ou des codes differens, et la tyrannie des usurpateurs, qui ne vouloient pas qu’il y eût dans le pays qu’ils s’étoient asservi, d’autre regle que leur volonté, aura fait évanouir cette distinction plus réelle véritablement que la premiere, mais beaucoup moins sensible, et par conséquent plus prompte à disparoître. Que presque tous les usurpateurs dont il est ici question, ayent gouverné despotiquement et tyranniquement les lieux dont ils s’étoient rendus les maîtres, on n’en sçauroit douter. L’histoire le dit, et quand elle ne le diroit pas, la commission de rendre la justice au nom du prince à ses sujets, changée en un droit héréditaire, et l’introduction de tant de droits seigneuriaux tellement odieux, qu’ils ne sçauroient avoir été ni accordés par le peuple, ni imposés par l’autorité royale, en feroient foi suffisamment. C’est une matiere qui demande d’être traitée plus au long qu’il ne convient de la traiter ici.

Ç’aura donc été en un certain lieu sous les derniers rois de la seconde race, et dans un autre lieu sous les premiers rois de