Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/628

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lui-même plusieurs fois dans la narration, que la Dignité conferée alors à Clovis, étoit le Consulat : c’est parce que l’Auteur des Gestes, Hincmar & Flodoart disent la même chose : c’est parce que je ne connois aucun Historien de ceux qui ont écrit sous les deux premiéres races, qui ait dit le contraire. Je crois qu’Aimoin qui a écrit sous la troisiéme race, est le premier qui ait changé le Consulat de Clovis en Patriciat, encore se cor rige-t-il lui-même. Son passage fera foi de ce que j’avance. Rebus ergo cunctis ex fententia compofitis, Turonis iter Clodoveus dirigit, ubi dum ftativarum gratia tantisper moratur, legationem fufcepit Anastasii Constantinopolitani Principis, munera epistolafque mittentis, in quibus videlicet litteris hoc continebatur : quod complacuerit sibi & Senatoribus cum effe amicum Imperatorum, Pairiciumque Romanorum. His ille perleťtis Consulari 11 abeâ infognitus, ascenso equo in atrio quod inter Basilicam Saneti Martini & Civitatem fitum erat, largissima Populo contulit munera. Ab illa die.Conful fimul & Augustus meruii nuncupari. Il est aisé en confrontant ce passage avec celui de Gregoire de Tours, d’observer qu’Aimoin n’altére le texte de l’autre Ecrivain que parce qu’Aimoin, prévenu de l’erreur commune, ne pouvoit pas concevoir qu’un Empereur eût conferé le pouvoir de Consul à un Prince ennemi des Romains, & qui avoit fait sur eux la conquête de la plus grande partie des Gaules les armes à la main. C’est la même idée qui a fait prendre à plusieurs Auteurs modernes le parti de dire qu’Anastase n’avoit conferé à Clovis que le Patriciat, qu’ils ont supposé encore n’avoir été qu’une Dignité honoraire. Dans mon opinion, la collation du Consulat fait à Clovis par Anastase, se trouve être la suite naturelle des évenemens arrivés dans les Gaules depuis la grande invasion des Barbares en 407. Quant aux motifs qui pûrent engager Clovis à demander le Consulat, & à se faire un honneur de l’exercer, ils sont exposés au long dans l’Histoire Critique.

M. Hoffmann suppose gratuitement, que JUSTINIEN ne comprit dans la cession qu’il fit aux Francs, que la portion des Gaules que les Ostrogots venoient de leur remettre. Procope dit positivement le contraire, Il écrit que JUSTINIEN céda aux Francs Taraías Mer ones, c’est-à-dire, les droits qu’il pouvoit encore prétendre sur toutes les Gaules ; car sa cession ne fut qu’une simple cession de droits. Lorsque cet Empereur la fit, il ne possédoit plus un pouce de terre dans les Gaules, & son Diplôme ne lui faisoit pas perdre un seul village. En pareil cas, les Souverains