Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/629

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cédent souvent plus volontiers leurs droits sur une Province entiere, qu’ils ne délaisseroient une seule des Villes dont ils sont en possession actuelle. Qu’arriva-t-il donc alors ? Les Francs, à qui les Ostrogots avoient cédé la possession d’une portion des Gaules, & qui avoient acquis sa possession de plusieurs autres parties de cette grande Province par d’autres voyes, se firent ceder par JUSTINIEN, qui avoit besoin d’eux, le Domaine suprême sur toutes les Gaules. Il leur importoit d’acquerir ce droit, qui, par leurs raisons exposées dans l’Histoire Critique, devoit leur être fort utile, au lieu qu’il étoit actuellement allez inutile à cet Empereur, qui ne pouvoit plus l’exercer. Ce que dit Procope concernant les suites de cette cession, montre assez quelle étoit sa nature & quel usage les Rois Francs en prétendoient faire.

Quant au violement des Traités conclus entre les Empereurs & les Rois Francs, lequel on reproche ici à la mémoire de ces derniers, nous ne sommes pas obligés à croire tout ce qu’en disent des Historiens suspects de partialité par leur naissance & par leur emploi. Si nous avions une Histoire du sixiéme siécle aussi détaillée que celle de Procope ou d’Agathias, & qui fût écrite par un Franc, nous y verrions peut-être que les Empereurs ont quelquefois enfraint les Traités, & que les Enfans de Clovis n’ont point été, du moins, les seuls coupables de leur inobservation.

On a rapporté dans l’Histoire Critique sur la foi d’un Auteur contemporain, que Maurice entra dans un complot qui ne pouvoit avoir d’autre objet, que celui de faire révolter une partie des Gaules contre les Rois Francs, & de la faire retourner sous la domination de l’Empereur. Dans quel autre dessein l’Empereur Maurice conféra-t-il la Dignité de Patrice à un Syagrius Sujet du Roi GONTRAN, dont il étoit actuellement l’Ambassadeur à la Cour de Constantinople ? Si le complot n’eut point d’effet, c’est qu’il fut découvert ; mais il n’en étoit pas moins une infraction des Traités. Suivant les apparences, ce fut cette conjuration qui donna lieu à l’entreprise séditieuse qui se fit alors à Vienne en Dauphiné, où l’on fabriqua des espéces d’or au coin de l’Empereur MAURICE. Elles portent d’un côté sa tête & son nom, & on lit sur le revers, Vienna ex officina Laurenti. Bouteroue nous a donné une de ces Médailles, dont on trouve encore l’estampe dans la XXIII. Dissertation de M. Du Cange sur la Vie de SAINT Louis.

Je finis par une observation sur le reproche que me font plus