Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/630

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d’une fois les Théses de M. Hoffmann, d’avoir souvent recours aux conjectures. Si c’est une faute, je m’en avoue coupable : mais qu’il fasse cependant réflexion, qu’ayant entrepris de rétablir le commencement de nos Annales, je me suis trouvé dans la situation où se trouvent les Architectes qui entreprennent de donner le dessein d’un édifice antique, dont il ne reste plus que quelques débris épars, & dont les fondemens sont arrachés en plus d’un endroit. Il faut souvent qu’ils ayent recours aux conjectures, afin de parvenir à dresser un plan où tous les débris de leur bâtiment qui subsistent encore, entrent sans peine ; & y trouvent une place convenable. Mais comme on convient que les Architectes qui sont venus à bout de placer dans un plan régulier toutes les parties de l’édifice qui subsistent encore, ont réussi dans leur entreprise, ne puis-je point me flatter qu’on dira la même chose de l’Écrivain, qui voulant rétablir le commencement des Annales d’une Monarchie, parvient, à l’aide de plusieurs conjectures, à donner une Histoire où l’on ne trouve rien que de vraisemblable, & dans laquelle tous les faits rapportés par des Auteurs contemporains trouvent leur place naturellement, sans qu’on soit obligé à faire dans les passages où ils sont racontés, le quart des changenrens que sont obligés d’y faire les Historiens qui ont imaginé un autre plan ? Enfin, toutes les fois que j’ai conjecturé, j’en ai averti le Lecteur, & je l’ai mis hors du danger de prendre de simples raisonnemens pour des narrations.


Fin du second Tome.