Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/65

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fera à cet Aurelien le commandement de Melun sa frontiere du côté des Armoriques, & qu’il lui donna en même tems plusieurs fonds de terre situés auprès de Melun, & dont la proprieté appartenoit à l’Etat. »

L’endroit de leurs ouvrages où l’auteur des gestes, et Hincmar placent ce qu’ils racontent de la soumission de la plus grande partie des provinces obéïssantes à Clovis, l’attention qu’ils ont l’un et l’autre à dire, que ce fut dans le tems du mariage de ce prince, qu’arriva cet événement, suffiroient pour montrer que ce fut alors que les cités dont il est ici question, promirent de lui obéïr dans toutes les affaires qui étoient du ressort du gouvernement civil, comme s’il eût été préfet du prétoire des Gaules. Elles obéïssoient déja à Clovis dans ce qui concernoit la guerre, comme au maître de la milice. Mais nous avons encore d’autres preuves pour montrer que ce fut dans le tems du mariage de Clovis, que les cités dont il s’agit, c’est-à-dire, les pays qui sont entre l’Aisne, la Seine et la Somme se soûmirent à tous égards au gouvernement de ce prince. Exposons ces preuves.

Grégoire de Tours ramassant tout ce qu’il juge à propos de dire concernant les victoires que Clovis remporta, et les acquisitions qu’il fit avant son mariage, finit la narration succinte qu’il donne de ces exploits, en disant : « Clovis subjugua les Tongriens la dixiéme année de son regne, » c’est-à-dire, en quatre cens quatre-vingt-onze. Or comme cet auteur ne commence qu’après avoir dit ces paroles, l’histoire du mariage de Clotilde, il paroît qu’on ne commença de le traiter qu’après cette année-là. Nous avons vû que la négociation dura plus d’un an, puisqu’Aurelien n’alla en Bourgogne en qualité d’ambassadeur que l’année d’après celle où il y avoit fait son premier voyage étant travesti en pauvre. Ainsi le mariage de Clovis ne sçauroit avoir été terminé avant la fin de l’année quatre cens quatre-vingt-douze. D’un autre côté, il ne sçauroit avoir été terminé beaucoup plus tard. Lorsque Clovis promit dans la bataille de Tolbiac qu’il se feroit baptiser incessamment, ce qui arriva, comme nous le verrons, durant l’été de l’année quatre cens quatre-vingt-seize, il y avoit déja quelque tems que son second fils Clodomire étoit né. Ce que dit Gregoire de Tours concernant les sentimens de Clovis sur la maladie de cet enfant, suffit pour convaincre que cette maladie lui vint quand Clovis étoit encore payen. Clodomire néanmoins avoit eu un aîné, Ingomer ; Clotilde étoit donc accouchée deux fois entre son mariage et la cam-