Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/67

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Antoine Loisel Beauvaisin, et l’un des celebres avocats du parlement de Paris, il arriva que ce sçavant homme mourut avant que d’avoir rendu le livre, qui passa entre les mains de ses héritiers. Monsieur Joly chantre de Notre-dame de Paris et petit-fils de maître Antoine Loisel ayant laissé sa bibliothéque dont étoit le manuscrit en question, au chapitre de son église, ce chapitre le garde encore aujourd’hui. Voilà l’histoire de notre premier manuscrit. Quant au second qui n’est pas moins ancien que l’autre, il vient de la celebre abbaye de Corbie située dans le diocèse d’Amiens. C’est ce dont fait foi une inscription mise sur ce précieux livre.

Or on lit dans l’un et dans l’autre manuscrit, que ce fut la quinziéme année de son regne que Clovis alla faire la guerre contre Alaric second roi des visigots. Ces mots, ce fut la quinziéme année de son regne, qui ne se lisent point dans les autres manuscrits se trouvent dans celui de Beauvais et dans celui de Corbie, non point à la marge, mais dans le corps du texte. Ce texte d’ailleurs n’a point été interpolé. Les mots dont il est question y sont écrits de la même main que ceux qui les précedent et que ceux qui les suivent. Il me paroît que la singularité et la conformité de ces deux manuscrits sont d’un grand secours pour connoître en quelle année les pays qui sont entre la Somme et la Seine, passerent sous la domination de Clovis.

En effet, comme l’observe très-bien Dom Thierri Ruinart, ce ne fut point la quinziéme année de son regne, mais la vingt-sixiéme année de son regne, à compter du jour de son avenement à la couronne, que Clovis fit la guerre contre Alaric, et qu’il le défit à la bataille de Vouglé, donnée dès la premiere campagne. Clovis qui succeda au roi Childéric son pere, en quatre cens quatre-vingt-un, étoit déja du moins dans la vingt-sixiéme année de son regne, lorsqu’il déclara la guerre au roi des Visigots, ce qui arriva comme nous le verrons en cinq cens sept. Pourquoi donc nos deux manuscrits disent-ils, que ce fut la quinziéme année de son regne que Clovis entreprit cette expédition ? Je ne vois pas qu’on en puisse alleguer d’autre raison, si ce n’est que dans le diocèse de Beauvais, et dans celui d’Amiens, on comptoit encore la quinziéme année du regne