Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/70

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saint Martin, époque assez en usage dans les Gaules durant le sixiéme siecle, Clovis étoit mort, écrit « Clovis mourut cinq ans après la bataille de Vouglé, et il regna en tout trente années. » Pourquoi Gregoire de Tours donne-t’il ici pour une époque particuliere, la premiere année de la guerre Gothique où se donna la bataille de Vouglé ; pourquoi en fait-il mention même avant que de faire mention de celle dont il étoit naturel de se servir ; je veux dire, de l’époque tirée de la premiere élevation de Clovis qui avoit été son avenement à la couronne de son pere Childéric, mort en quatre cens quatre-vingt-un ? N’est-ce point parce que notre historien né dans la cité d’Auvergne, étoit de plus évêque de Tours, lorsqu’il composa son ouvrage, et que dans ces deux cités on comptoit pour la premiere année du regne de Clovis, l’année cinq cens sept, parce que c’étoit dans cette année-là que Clovis, après la bataille de Vouglé, avoit soumis la cité de Tours, celle d’Auvergne et plusieurs autres de celles dont les Visigots avoient été les maîtres jusques-là. Enfin on verra dans le chapitre douziéme du livre suivant, que bien que Theodoric roi des Ostrogots regnât sur toute l’Italie dès l’année quatre cens quatre-vingt-treize, cependant les Romains d’Espagne ne comptoient après qu’ils furent devenus sujets de Theodoric, les années du regne de ce prince, qu’en commençant à l’année cinq cens dix, parce que c’étoit cette année-là que l’Espagne avoit passé sous la domination de Theodoric. On comptoit encore en Espagne l’année sixiéme de Theodoric, quand en Italie on comptoit déja la vingt-troisiéme année du regne du même prince.

Je conclus donc de tout ce qui vient d’être exposé, que le mariage de Clovis avec Clotilde, et la soumission volontaire des cités situées entre la Somme et la Seine, sont deux évenemens arrivés dans l’espace de douze mois, et qu’on peut par conséquent regarder le premier comme ayant été une des causes du dernier. L’auteur des Gestes et Hincmar ne parlent point de cette soumission comme d’une conquête. Il y a plus ; Theodoric roi d’Italie, dit positivement dans une lettre écrite à Clovis immediatement après que le dernier eut défait les Allemands à Tolbiac en quatre cens quatre-vingt-seize : « Qu’il voit avec plaisir la nouvelle gloire que les Francs viennent d’acquerir, après