Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/77

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partement de la préfecture des Gaules. Il a encore été parlé des incursions que ces Allemands faisoient souvent en Italie. Or il est apparent qu’avant l’année quatre cens quatre-vingt, nos Allemands avoient passé le Rhin de nouveau et qu’ils s’étoient rétablis dans l’Alsace. En effet Procope dans l’exposition de l’état où étoient les Gaules immédiatement avant le renversement de l’empire d’Occident arrivé en quatre cens soixante et seize, et que nous avons rapportée en son lieu, place les Allemands et les Suéves dans une contrée qui étoit entre le pays habité par les Tongriens et le pays que tenoient les Bourguignons. C’est assez la situation de l’Alsace, et l’on ne doit point être surpris qu’un auteur grec ne l’ait pas désignée avec plus de précision. Procope ajoute que les Allemands et les Suéves établis dans les Gaules, et dont il parle en cet endroit de son histoire, étoient des peuples libres, et qui ne reconnoissoient en aucune maniere l’autorité de l’empire.

Nos Allemands joints avec les Suéves et fortifiés sans doute par le secours de ceux qui étoient demeurés dans la Germanie, et par le secours de ceux qui habitoient entre le mont-Jura et le lac Léman, car on verra par la suite de l’histoire, que toute la nation des Allemands prit part à cette guerre ; entrérent hostilement en quatre cens quatre-vingt-seize, dans la seconde des Germaniques occupée alors par les Francs Ripuaires dont Sigibert étoit roi. Ce prince se mit à la tête de son armée pour les repousser et il appella Clovis à son secours. Clovis le joignit et ils donnerent bataille à l’ennemi auprès de la ville de Tolbiac, qu’on croit avec fondement être aujourd’hui Zulpick, lieu situé en deçà du Rhin, et distant de quatre ou cinq lieuës de Cologne. L’action fut très-vive et le combat fort opiniâtré. Sigibert lui-même y reçut à la cuisse une blessure dont il demeura boiteux le reste de sa vie. Enfin l’armée des Francs étoit sur le point d’être battue quand le fidele Aurelien qui remar-