Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/85

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il communiquoit avec le pays des Allemands qui l’avoient reconnu pour roi, et cette même cité donnoit encore à Clovis sur le Rhin un passage capable de faire respecter l’alliance des Francs Saliens par les Suéves et par les Boïens. Que Clovis ait été maître de Bâle c’est ce qui est certain par les souscriptions des évêques qui assisterent au premier concile d’Orleans tenu en cinq cens onze, sous la protection et par les soins de ce prince ; on trouve parmi ces souscriptions la signature d’Adelphius évêque de Bâle ; et il passe pour certain entre les sçavans, que les évêques n’alloient point alors aux conciles convoqués dans un lieu qui n’étoit pas de l’obéïssance de leur souverain. Or je ne vois pas où placer mieux l’acquisition de la cité de Bâle, et celle des pays qui étoient entre cette cité et les cités qui s’étoient soumises à Clovis dès l’année quatre cens quatre vingt-treize, qu’en la plaçant dans le cours de la guerre que ce prince fit aux Allemands en quatre cens quatre-vingt-seize. Clovis depuis ce tems jusqu’à sa mort arrivée cette année-là, ne porta plus la guerre qu’une fois dans ces contrées. Ce fut lorsqu’il attaqua en l’année cinq cens les Bourguignons qui tenoient veritablement la plus grande partie de la province Sequanoise dont Bâle étoit une cité. Mais on ne sçauroit prétendre que ce soit dans le cours de cette guerre-là que Clovis ait pris la cité de Bâle. En voici la raison. Clovis possédoit encore cette cité en cinq cens onze, et Gregoire de Tours dit positivement, comme on le verra, que le roi des Bourguignons recouvra avant la fin de la guerre tout ce qu’il avoit perdu depuis qu’elle avoit été déclarée. Ainsi je crois que la cité de Bâle aura été soumise par Clovis dès l’année quatre cens quatre-vingt-seize, et que de ce côté-là, Vindisch étoit alors la frontiére de la Bourgogne. On sçait bien que cette ville, qui est ruinée aujourd’hui, étoit auprès de celle de Baden en Suisse. Que Vindisch appartint encore aux Bourguignons en cinq cens dix-sept, on n’en sçauroit douter, puisque son évêque souscrivit au concile tenu à Epaone cette année-là, sous le bon plaisir de Sigismond leur roi.

Nous n’avons vû jusqu’ici que les moindres avantages que Clovis tira du gain de la bataille de Tolbiac. Voici donc l’histoire du baptême de ce prince, qui lui en procura de bien plus grands, telle qu’elle se lit dans Gregoire de Tours. » La Reine fit prier saint Remy de se rendre auprès du Roi pour l’instruire en secret. Il apprit de cet Evêque dans plusieurs conferences qu’ils eurent à l’insçu de la Cour, qu’il falloit pour être