Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/86

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Chrétien renoncer au culte des Idoles incapables de s’aider » elles-mêmes, & à plus forte raison d’aider les autres, & adorer ensuite le Dieu Créateur du Ciel & de la Terre. Je me rendrois volontiers à vos instructions, disoit le Roi ; la seule chose qui me retient, c’est que ceux des Francs qui me font attachés, ne veulent point abandonner la religion de leurs peres. Donnez-moi le tems de leur faire comprendre vos raisons. Lorsque Clovis eut assemblé dans cette intention-là, les Francs ses Sujets, ils s’écriérent tous, comme par inspiration, dès qu’il eût commencé de leur parler : Nous renonçons au culte des Dieux périssables, & nous voilà prêts à reconnoître le Dieu qu’annonce l’Evêque de Reims. Aussi-tôt que saint Remy eut appris un évenement si heureux, il donna ordre de préparer les Fonts. On disposa tout dans le Baptistére, on y alluma un grand nombre de cierges ; on y fit brûler les encens les plus odoriferans, l’on tapissa les murs de la cour qui étoit devant cet édifice, & pour la mettre à couvert, on tendit au dessus des toiles enrichies de toute sorte de broderies. Dès que tout eût été préparé, notre nouveau Constantin se presenta & demanda au saint Évêque d’être régéneré dans les eaux du Baptême. Remy lui accorda la demande, & dès que le Roi proselite fut entré dans le bassin où il devoit être baptisé, il lui dit à haute voix avant que de verser l’eau : Sicambre baissez la tête & humiliez votre cœur. Brûlez désormais ce que vous adoriez, & adorez ce que vous brûliez. La sainteté de Remy, ajoute Grégoire de Tours, le rendoit respectable à tous ses Contemporains, & il est même dit dans sa Vie, qu’il avoit ressuscité un mort. »

Nous avons déja parlé fort au long de cette vie de l’apôtre des Francs : quant aux baptistéres, personne n’ignore que c’étoient des édifices construits exprès pour y administrer le sacrement de baptême, suivant le rit qui s’observoit alors en conferant ce sacrement, soit aux enfans, soit aux adultes. Il y avoit des baptistéres dans l’enceinte des bâtimens qui accompagnoient les églises cathédrales.

Quelques-unes ont même conservé leurs baptistéres. Grégoire De Tours finit ce qu’il a jugé à propos d’écrire con-