Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/191

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differentes operations de guerre dont elle est le ressort. Les miracles de notre religion ont un merveilleux qui n’est pas dans les fables du paganisme. Qu’on voïe avec quel succès Corneille les a traitez dans Polieucte et Racine dans Athalie. Si l’on reprend Sannazar, L’Arioste et d’autres poëtes, d’avoir mêlé mal à propos la religion chrétienne dans leurs poëmes, c’est qu’ils n’en ont point parlé avec la dignité et la décence qu’elle exige, c’est qu’ils ont allié les fables du paganisme aux veritez de notre religion. C’est qu’ils sont, comme dit Despreaux, follement idolatres en des sujets chrétiens. On les blame de n’avoir pas senti qu’il étoit contre la raison, pour ne rien dire de plus fort, de se permettre en parlant de notre religion, la même liberté que Virgile pouvoit prendre en parlant de la sienne. Que ceux qui ne voudroient pas faire le choix du sujet d’un poëme épique, tel que je le propose, alleguent donc leur veritable excuse : c’est que le secours de la poësie des anciens leur étant necessaire, pour rendre leur verve feconde, ils aiment mieux traiter les mêmes sujets que les poëtes grecs et les poëtes latins ont

traitez, que des sujets