Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/14

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faut encore que ces vers puissent remuer les cœurs, et qu’ils soient capables d’y faire naître les sentimens qu’ils prétendent exciter. Horace auroit dit la même chose aux peintres. Un poëme, ainsi qu’un tableau, ne sçauroit produire cet effet, s’il n’a pas d’autre mérite que la régularité et l’élegance de l’execution. Le tableau le mieux peint, comme le poëme le mieux distribué et le plus exactement écrit, peuvent être des ouvrages froids et ennuïeux. Afin qu’un ouvrage nous touche, il faut que l’élegance du dessein et la verité du coloris, si c’est un tableau, il faut que la richesse de la versification, si c’est un poëme, y servent à donner l’être à des objets capables par eux-mêmes de nous émouvoir et de nous plaire. Si les heros du poëte tragique ne m’in