Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/15

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teressent point par leurs caracteres et par leurs avantures, sa piece m’ennuïe, quoiqu’elle soit écrite purement, et quoiqu’il n’y ait pas de fautes contre ce qu’on appelle les regles du théatre. Mais si le poëte m’expose des avantures, s’il me fait voir des caracteres qui m’interessent autant que ceux de Pyrrhus et de Pauline, sa piece me fait pleurer, et je reconnois l’artisan qui se joüe ainsi de mon cœur, pour un homme qui sçait faire quelque chose de divin. La ressemblance des idées que le poëte tire de son génie, avec les idées que peuvent avoir des hommes qui se trouveroient être dans la même situation où ce poëte place ses personnages, le pathetique des images qu’il a conçûës avant que de prendre la plume ou le pinceau, font donc le plus grand mérite des poëmes, ainsi que le plus grand mérite des tableaux. C’est à l’intention du peintre ou du poëte : c’est à l’invention des idées et des images pro