Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne sont point de ceux, s’il est permis de parler ainsi, qui ne sçauroient se produire que sous le bon plaisir de la fortune. Elle ne sçauroit les priver des secours necessaires pour manifester leurs talens : c’est ce que nous allons discuter. La méchanique de la peinture est très-pénible, mais elle n’est pas rebutante pour ceux qui sont nez avec le génie de l’art. Ils sont soûtenus contre le dégoût par l’attrait d’une profession à laquelle il se sentent propres, et par le progrès sensible qu’ils font dans leurs études. Les éleves trouvent encore par tout des maîtres qui leur abrégent le chemin. Que ces maîtres soient de grands hommes ou des ouvriers médiocres, il n’importe, l’éleve qui aura du génie, profitera toûjours de leurs enseignemens. Il lui suffit que ces maîtres lui puissent enseigner une pratique, qu’on ne sçauroit ignorer quand on a professé cet art durant quelques années. Un éleve qui a du génie, apprend à bien faire en voïant son maître faire mal. La force du génie change en bonne nourriture les préceptes les plus mal digerez. Ce qu’un homme né avec du génie fait de mieux, est ce que personne