Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/43

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grand astrologe, commença de remplir sa destinée en faisant le métier de tisseran à Lisieux. Les fils de sa toile furent pour lui l’occasion de se former dans la science des calculs. Roberval, en gardant des moutons, ne put échapper à son étoile, qui l’avoit destiné pour être un grand géometre. Avant que de sçavoir qu’il y eut au monde une science nommée géometrie, il l’apprenoit. Il traçoit sur la terre des figures avec sa houlette, quand il se rencontra une personne qui fit attention sur les amusemens de cet enfant, et qui se chargea de lui procurer une éducation plus convenable à ses talens que celle qu’il recevoit du païsan qui le nourrissoit. Tant de gens ont pris soin de publier l’avanture arrivée à M Pascal, qu’elle est sçuë de toute l’Europe. Son pere, loin de le pousser à l’étude de la géometrie, lui avoit caché avec une attention suivie, tout ce qui pouvoit lui donner l’idée de cette science, dans la crainte qu’il ne se livrât avec trop d’affection à ses attraits. Mais il se trouva que le génie seul de cet enfant n’avoit pas laissé de le mener jusques à l’intelligence de plusieurs propositions d’Euclide. Dénué de guide et de maître, il avoit fait déja des