Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/42

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occupations de son fils, il l’auroit appliqué à toute autre chose qu’à la poësie. Enfin le monde sçait par cœur les vers dans lesquels Despreaux fils, frere, oncle et cousin de greffier, rend compte de la vocation qui l’appella de la poudre du greffe au Parnasse. Tous ces grands hommes ont montré que c’est la nature, et non pas l’éducation, qui fait les poëtes. Sans sortir de notre temps, jettons un coup-d’œil sur l’histoire des autres professions qui demandent un génie particulier. Nous verrons que la plûpart de ceux qui se sont rendus illustres en exerçant ces professions, n’y ont pas été engagez par les conseils et par l’impulsion de leurs parens, mais par une inclination naturelle qui venoit de leur génie. Les parens de Nanteüil firent les mêmes efforts pour l’empêcher d’être graveur, que les parens font ordinairement pour obliger les enfans à s’instruire dans quelque profession. Nanteüil étoit obligé de monter sur un arbre et de s’y cacher pour dessiner. Le Févre, né pour être algebriste et