Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/51

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D’ailleurs, le génie qui détermine un enfant aux lettres, ou bien à la peinture, lui donne une grande aversion pour les emplois mécaniques, ausquels on applique ses égaux. Il prend donc en haine les métiers vils, ausquels on voudroit rabaisser l’élevation de son esprit. Cette contrainte pénible dès l’enfance, lui devient insupportable à mesure que l’ âge lui fait encore mieux sentir, et son talent et sa misere. Son instinct, et le peu qu’il entend dire du monde, lui donnent des lumieres confuses de sa vocation. Il sent bien qu’il est hors de sa place. Enfin il se dérobe de la maison paternelle, comme fit Sixte-Quint, et comme ont fait encore tant d’autres, pour venir dans une ville voisine. Si son génie le détermine à la poësie, et par consequent à l’amour des lettres, son heureux naturel méritera qu’un honnête homme le trouve digne de son attention. Il tombera dans les mains de quelqu’un qui le destinera aux emplois ecclesiastiques ; et toutes les communions chrétiennes sont remplies de personnes charitables qui se font un devoir de procurer l’éducation convenable à des étudians indigens, qui montrent quelque lueur de génie, et cela dans