Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que nous pouvons appeller le Corneille de la peinture ; il la saisit, et il se rend capable en un jour de mettre dans les figures qu’il fait pour représenter le pere éternel le caractere de grandeur, de fierté et de divinité qu’il venoit d’admirer dans l’ouvrage de son concurrent. Racontons le fait historiquement, car il prouve mieux ce que j’avance, que de longs raisonnemens ne le pourroient faire. Dans le temps dont je parle, Raphaël peignoit la voûte de la gallerie qui distribuë aux appartemens du second étage du vatican. Cette gallerie s’appelle communément les loges. La voûte de la gallerie n’est pas un berceau continu, mais ce berceau est partagé en autant de voussures quarrées, qu’il y a de fenêtres à la gallerie, et les voussures ont chacune leur ceintre particulier. Ainsi chaque voussure à quatre faces, et Raphaël peignoit au temps dont je parle, une histoire de l’ancien testament, sur chacune des faces de la premiere voussure. Il avoit déja fini sur trois de ces faces, trois journées de l’ œuvre de la création, lorsque l’avanture dont je vais parler arriva. La figure qui représente Dieu le pere dans ces trois tableaux, est véritab