Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Raphaël colorioit encore foiblement quand il vit un tableau du Georgeon. Il conçut en un moment, que l’art pouvoit tirer des couleurs qu’il emploïe, bien d’autres beautez que celles que lui-même il en avoit tirées jusques-la. Il comprit qu’il avoit ignoré l’art du coloris. Raphaël tenta de faire comme Le Georgeon avoit fait, et devinant par la force de son génie, la façon d’operer du peintre qu’il admiroit, il approcha de son modele. Raphaël fit son essai d’imitation en peignant le tableau qui représente un miracle arrivé à Bolséne, où le prêtre qui disoit la messe devant le pape, et qui doutoit de la transubstantiation, vit l’hostie consacrée, devenir sanglante entre ses mains. Le tableau dont je parle, s’appelle communément, la messe du pape Jules, et il est peint à fresque au-dessus et aux côtez de la fenêtre, dans la seconde piece de l’appartement de la signature au vatican. Il suffit que le lecteur sçache que cette peinture est du bon temps de Raphaël, pour être persuadé que la poësie en est merveilleuse. Le prêtre qui doutoit de la présence réelle, et qui a vû l’hostie qu’il avoit consacrée devenir