Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/68

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il la voit mieux que ceux qui prétendent la lui montrer. Raphaël n’avoit que vingt ans, et il étoit encore éleve de Pierre Perrugin, lorsqu’il peignoit à Sienne. Néanmoins Raphaël se distingua si bien qu’on lui distribua des tableaux dont il fit la composition. On y voit que Raphaël cherchoit déja comment il feroit pour varier les airs de tête, qu’il vouloit donner de l’ame à ses figures, qu’il dessinoit le nud sous les drapperies, enfin qu’il faisoit plusieurs choses que son maître ne lui enseignoit point apparemment. Le maître devint même le disciple. On voit par les tableaux que Le Perrugin a faits à la chapelle de Sixte au vatican, qu’il avoit appris de Raphaël. Un autre indice de génie dans les jeunes gens, c’est de faire des progrès très-lents dans les arts et dans les usages, et les pratiques qui font l’occupation generale du commun des hommes durant l’adolescence, en même temps qu’ils s’avancent à pas de geant dans la profession à laquelle la nature les a destinez entierement. Nez uniquement pour cette profession, leur esprit paroît au-dessous du médiocre, quand ils veulent l’appliquer à d’autres choses. Ils les