Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/73

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ers ne nous offrent que des reminiscences mal placées : il se conduit dans la production de ses ouvrages comme dans leur composition : il affronte le public rassemblé avec plus d’intrepidité, que Racine et Quinault n’en avoient dans de pareilles avantures. Sifflé sur un théatre, il va se faire huer sur l’autre. Plus méprisé à mesure qu’il est plus connu, son nom dévient enfin l’appellation dont le public se sert pour désigner un méchant poëte. Il est heureux quand sa honte ne lui survit pas. Ces esprits médiocrement propres à beaucoup de choses, ont la même destinée quand on les applique à la peinture. Un homme de cette trempe, que les conjonctures engagent à se faire peintre, imite servilement plûtôt qu’exactement le goût de son maître dans les contours et dans le coloris. Il devient un dessinateur correct, s’il ne devient pas un dessinateur élegant, et si l’on ne sçauroit loüer l’excellence de son coloris, du moins n’y remarque-t-on pas de fautes grossieres contre la verité ; il est des regles pour n’en point faire : mais comme les regles ne peuvent enseigner qu’aux personnes de génie à réussir dans l’ordonnance et dans la composition poëtique,