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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/122

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COUP D’ŒIL SUR LA POLITIQUE INTÉRIEURE JAPONAISE

7 Mai 1935. (Tokio, Mai.)

Quelque soin que l’on mette à suivre de loin la politique intérieure d’un pays, la réalité n’est jamais tout à fait pareille à l’idée que l’on s’en fait. Quand on peut, un jour, contrôler sur place, on s’aperçoit que l’on était au delà ou en deçà. Je savais par les télégrammes quotidiens et les lettres de notre correspondant particulier au Japon que, surtout depuis quelques temps, la politique intérieure de ce pays était loin d’être seulement ce que les apparences pouvaient laisser supposer, et qu’elle était faite également d’influences et de mouvements moins visibles. Je ne croyais pas que ceux-ci fussent aussi accentués qu’ils le sont. Et pourtant j’aurais dû m’en douter, après la période qui vient de s’écouler et durant laquelle le général Araki fut au pouvoir, comme ministre de la guerre.

On sait que pendant ce laps de temps, qui s’étend de 1931 à 1934, l’activité très particulière de l’armée atteint son maximum, activité dirigée contre les trusts qu’elle accuse de drainer à leur profit l’argent du pays. Des excès eurent lieu qui dépassèrent la violence des paroles ; une sorte de terreur régna jusqu’au jour où le général Araki fit place à un autre ministre de la guerre.

L’armée perdait du coup une part de son influence efficiente, mais n’abandonnait rien de ses idées socialisantes, de son idéal qui est un retour au temps où l’empereur possédait toutes les terres et les concédait aux citoyens, en un mot de son plan de réorganisation nationale. Aussi répandait-elle ses idées dans les campagnes, parmi la population paysanne d’où elle est