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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/138

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général Nagata, principal collaborateur du ministre de la guerre, autour duquel se groupent les militaires « modérés ».

On se souvient qu’à la suite de ce meurtre, le ministre de la guerre, avec l’appui du conseil supérieur de la guerre, prit des mesures pour avoir le contrôle effectif de toute la force armée de l’empire. Mais un télégramme de Tokio, en date du 23 août, annonçait que le général Itagaki, chef d’état-major adjoint de l’armée du Kouang-Toung, avait déclaré que celle-ci ne se ressentirait d’aucune manière de l’assassinat, d’ailleurs infiniment regrettable du général Nagata.

Beaucoup de personnes s’inquiètent énormément de l’état d’esprit par lequel cette même armée rejoint, disent-elles, les éléments révolutionnaires contre lesquels le pays, malgré les apparences, a à se défendre. Sans nier qu’il y ait là matière à réflexion, nous ne partageons pas pareilles craintes.

D’abord, pour ce qui est de l’armée, son culte de l’empereur lui interdit toute révolution à la manière russe. Pour elle, « le marxisme, comme on l’a dit, commence là où la personne de l’empereur n’est plus en jeu ». Si elle demande la fin du capitalisme, le partage des terres, elle veut que ce soit l’empereur qui répartisse les biens de ce monde d’une façon plus juste. C’est avec lui que la révolution doit se faire, et non pas contre lui. En somme, l’armée ne prend que la partie économique du marxisme, et laisse de côté la partie politique.

Mais le prolétariat japonais lui-même n’est-il pas dans les mêmes dispositions ? Il n’est pas plus affranchi de certaines idées politiques que les militaires ? Combien sont, au Japon, les communistes qui passeraient outre la personnalité d’essence divine de l’empereur ? Que vient-on de voir précisément à ce sujet ?

Un professeur de droit réputé, le docteur Minobé, a défini il y a plusieurs années la personnalité juridique de l’empereur. Selon lui la souveraineté résidait au Japon dans la nation et non dans l’empereur, celui-ci n’étant qu’un souverain constitutionnel. Les nationalistes s’avisèrent, il y a un an environ, que