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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/137

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LE MANDCHOUKOUO, L’ESPRIT DU MEIJÏ

29 Septembre 1935.

On parle beaucoup à présent, au Japon, du Meijï, de la restauration Meijï, de l’esprit du Meijï. Les promoteurs de la restauration Showa disent que celle-ci complète la précédente, qu’elle est un rappel à l’ordre, au retour à des principes qui ont fait le Japon d’aujourd’hui, une sorte de « Bushido » à l’usage de tous, autrement dit une règle de modération dans les ambitions, les goûts, la manière de vivre de chacun, qui s’oppose au luxe affiché depuis trente ans par une classe restreinte de la société dite capitaliste et qui fut d’un détestable exemple pour la généralité.

On sait que l’empereur Mutsuhito, dont le règne est connu sous le nom d’ère du Meijï, recommanda à son peuple la civilisation occidentale en ce qu’elle a d’utile matériellement et de confortable, pour employer un mot à la mode ; mais qu’il voulut, en même temps, que fussent conservés par les Japonais les principes fondamentaux de leur propre civilisation. Ce sont ces principes qu’un clan militaire prétend raviver en se dressant contre les « capitalistes ». L’armée du Kouang-Toung, c’est-à-dire celle qui occupe avec l’armée mandchoue le nouvel État du Manchoukouo a cette ambition et se déclare décidée à la traduire dans la réalité. L’esprit du Meijï l’inspire et la dresse à la fois contre les capitalistes et contre les autorités politiques ou militaires qui ne partagent pas ses points de vue « extrémistes » ; cet esprit-là pousse quelquefois à des manifestations individuelles qui vont jusqu’à l’assassinat. Un exemple récent en est, l’assassinat du