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I

« L’Asie est une ». Lorsque le célèbre écrivain japonais Okakura Kakuzo s’exprimait ainsi dans son livre fameux Les Idéaux de l’Orient, il prétendait, remontant à « cette passion de l’absolu, de l’irréel, patrimoine spirituel commun aux races asiatiques qui leur permit de créer toutes les grandes religions du monde », reconstituer sur des bases morales « la vieille unité de l’Asie » qu’avaient connue, dans l’antiquité préhistorique, les ancêtres des Chaldéens, des Arabes, des Hindous et des Chinois.

À cette époque très lointaine l’aspect géographique de l’Asie centrale n’était évidemment pas celui d’aujourd’hui. Les régions desséchées et désertes étaient d’immenses pâturages où non seulement la transhumance était la loi naturelle de l’économie de ce temps, mais où les populations avaient tracé les pistes qui les reliaient constamment les unes aux autres à travers tout un continent.

Ces conditions climatériques ayant changé, les longs parcours d’une extrémité à l’autre de l’ancien monde devinrent un véritable tour de force et l’on cite les hardis pèlerins chinois qui, au Ve, VIe et VIIe siècles s’aventurèrent du Fleuve Jaune à l’Indus.

Beaucoup plus tard, au XIIIe siècle, les conquérants mongols rapprochèrent à leur manière l’Asie et l’Europe en se rendant maîtres de Moscou et de Kiev, voire de la Bohême et de la Hongrie. La mort