Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/26

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épuisée. Replié sur sa forme, il mêle sa peau rugueuse à la bataille des éléments, et pendant un instant, se trouve à demi révélé par le brillant éclat de ses écailles. Il ne frappe que lorsqu’il est pris à la gorge. Alors, malheur à celui qui se joue du Terrible ![1] »

Chez l’habitant de l’Inde et chez le Russe, la religion est un fait et même un fait primordial[2] ; mais chez eux également l’homme se relie sans cesse à la nature, tend à connaître et à pénétrer le monde en s’identifiant à lui par le renoncement aux biens terrestres, l’abandon de sa personnalité, le nirvâna, ou par la recherche plus ou moins consciente de l’inconnu, du mystère psychique, du subconscient, etc.

Il résulte de tout cela que généralement passifs dans l’ordre matériel, les Asiatiques sont actifs dans l’ordre qu’à notre tour nous appellerons spirituel. Si injuste que soit souvent leur jugement sur l’Occident, il reste vrai que la part qui revient au matérialisme dans la civilisation occidentale est loin

  1. Les Idéaux de l’Orient, p. 260 (Payot).
  2. Nous savons que pour les Russes une remarque s’impose que nous ne saurions mieux formuler qu’en citant M. Alexandre Soltykoff, auteur d’un article intitulé : « Le problème de la religiosité russe » paru dans Le Monde slave d’octobre 1934. « La Russie, écrit-il, a toujours évolué entre ces deux pôles, celui d’une foi religieuse ardente et celui d’une irréligiosité non moins persévérante et on eût dit instinctive. Certes, les slavophiles ont fait fausse route en proclamant la religiosité innée du peuple de Russie. Et pourtant leur conception n’est point mensongère sur tous les points… Nous pensons que la disposition d’esprit religieuse qui s’est manifestée çà et là