Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/37

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terons spécialement celle de la mentalité des Chinois. Ceux-ci et les Européens ont parlé deux langues différentes. La Société des Nations parlait droit, logique, rappelait les accords passés et ratifiés, cherchait des témoignages, prétendait s’appuyer sur une inextricable documentation officielle où les textes rigides pour des esprits européens, fluides pour des esprits asiatiques, s’enchevêtraient et se contredisaient, proposait des enquêtes, sans se douter le moindrement que, pendant ce temps, elle mortifiait jusqu’au sang ceux vers qui de toute évidence allaient ses sympathies. Alors que les Chinois s’attendaient à voir régler le litige en quelques jours en leur faveur, vu la façon dont ils avaient été accueillis à Genève, sinon appelés, la Société des Nations qui avait pensé se tailler un succès facile en cette affaire étalait aux yeux du monde, en même temps que la sienne propre, leur impuissance à se débarrasser des Japonais en Mandchourie. Avec une candeur toute anglo-saxonne, elle insistait, au cours de semaines et de mois, sur cette impuissance qui faisait « perdre la face » aux Chinois.

Or, la Chine, celle du moins qui suivait l’affaire, c’est-à-dire celle des politiciens, des étudiants, des membres des Chambres de commerce, cette Chine-là, tout entière derrière son délégué, pensait à la face.


La face, pour un Chinois, est beaucoup plus que la manifestation de son amour-propre excessif ; elle