Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/38

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est une conséquence de sa psychologie. Le Chinois ne s’intéresse pas directement aux idées pures ; celles-ci n’ont pour lui d’intérêt que dans leur répercussion morale. Or, ce mépris de l’idée pour elle-même a eu sa répercussion dans les rapports sociaux. Il explique en partie la face chinoise. Avoir raison, avoir tort dans une discussion n’a aucun sens, car il n’y a rien d’absolu. Confondre un adversaire, lui prouver son tort serait affirmer pratiquement une vérité absolue. Dans toute discussion, par conséquent, personne n’a tout à fait tort. C’est donc par conviction de ne pas posséder la vérité absolue que le Chinois ne fait pas « perdre la face » à son adversaire.

En politique, les Chinois admettront que tout n’est pas parfait chez eux, à condition que vous concédiez la même chose chez vous. La vérité n’ayant qu’une valeur relative, ils souffrent comme d’une injustice du récit et de l’étalage de leurs difficultés politiques.

Ainsi, l’on peut se rendre compte de la différence des plans sur lesquels se mouvaient la diplomatie des blancs et celle des jaunes au cours des débats de Genève ; de la différence qui, au fond, faisait l’objet de leurs préoccupations. Instituer une procédure européenne pour régler un différend entre Asiatiques est proprement tenter la quadrature du cercle. C’est pourquoi il n’y avait pas à compter sur un règlement de l’affaire quant au fond. Essayer d’équilibrer en d’interminables séances les torts et les raisons entre les intéressés, c’était, comme a