Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/40

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manière de vivre et à notre inhabitude de tabler sur le temps et d’en faire un des principaux mobiles de nos actes, un des éléments essentiels de nos raisonnements, sinon le plus décisif. Un conflit ne se termine pas par un avantage de la force militaire, telle que la prise d’un territoire ou quelque gain que ce soit découlant directement de la victoire ; un conflit se poursuit au delà d’un tel événement, ou si l’on veut, d’un tel épisode. Il prend alors, suivant les circonstances, tel ou tel aspect pour aboutir un jour, très lointain peut-être, à un résultat quelquefois totalement différent de celui d’aujourd’hui.

Sans doute, pareille manière de voir pourrait paraître spécieuse si l’on prétendait l’appliquer à tous les conflits, mais dans celui que nous évoquons, au contraire, n’est-elle pas admissible ? Une longue épreuve attend peut-être les Japonais dans le nouvel État mandchou. Les Japonais n’y sont qu’une minorité et, à cause du climat, ont renoncé à en faire une colonie de peuplement. Il est vraisemblable qu’ils n’y seront jamais les plus nombreux. De ce fait, le temps pourrait travailler contre eux. Tel est du moins l’avis des Chinois. Quoi qu’il en soit, la satisfaction de la Chine, fondée en partie sur cette idée qu’un résultat plus substantiel que celui qu’elle obtint à Genève, l’attend dans un avenir plus ou moins proche, n’est pas absurde. Quel sera ce résultat ? Sera-ce une reprise effective d’autorité par la Chine sur la Mandchourie en face d’un Japon devenu plus conciliant à cause des difficultés qu’il