Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/48

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de diversités que la sagesse consiste à concilier, non point à supprimer. Le secret de la paix est peut-être dans la perméabilité et la pénétration relative et réciproque d’une Asie et d’une Europe équilibrées chacune selon son propre génie.

Continuant à fixer nos regards sur la carte, nous voyons l’Asie déborder par la Russie sur l’Europe, tandis que l’Europe mord d’une autre manière sur l’Asie, aux Indes. Mais celles-ci sont asiatiques, non seulement par leur position géographique, mais aussi par la spiritualité foncière de leur population. On peut penser que l’européanisme, qui s’y ajoute encore en surface, n’aura été, un jour, qu’une erreur ou plutôt un accident historique. « Aucun peuple, écrit M. René Grousset, n’est plus fermé que le peuple anglo-saxon à l’esprit des autres races… Lecteur assidu de la Bible, il avait cependant oublié que l’homme ne vit pas seulement de pain — ni même d’hygiène physique et morale — mais aussi d’idées et d’espérances. Et voici qu’il avait affaire à un peuple à la fois le plus cérébral et le plus émotif de la terre, peuple qui, dès l’antiquité, avait créé la pathétique philosophie affective du bouddhisme et qui, au haut moyen âge, avait poussé l’investigation métaphysique jusqu’aux analyses infiniment délicates du criticisme mâdhyamika ou çankarien. La race qui avait exprimé ses doutes, ses rêves, ses aspirations dans les Upani-