Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/49

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shads, le Védânta et le Yogâcâra, se voyait régie par des businessmen ; les théoriciens de la douleur et de la pitié universelles obéissaient aux honnêtes mais très simplistes agents du Civil Service. Des expressions incroyablement nuancées, complexes et inquiètes de l’âme indienne, ceux-ci ne pouvaient à peu près rien saisir[1]. » Aussi, fait remarquer notre auteur, « peu de situations nouvelles les auront étonnés autant que celle qu’a créée, dans l’Inde, la violence du mouvement national de 1919 ».

L’essence religieuse de la civilisation de l’Inde démontre à quel point y est superficiel l’apport de l’Europe et explique les difficultés contre lesquelles s’y débattent constamment les Anglais.

L’organisme asiatique n’assimile donc pas, au sud, cet apport européen, et, en même temps, il tend depuis quelques années, à récupérer, au nord, la part de lui-même qu’il a perdue par une autre erreur historique, celle de Pierre le Grand.

Plus on regarde agir les Asiatiques, et en particulier les Chinois, plus on observe les réactions de ces derniers en face des événements ou des idées, la nature de leur sensibilité, leur prédisposition à subir les suggestions et à nier l’évidence, plus on est frappé des ressemblances qu’ont, avec eux, les Russes. Rien n’est certainement plus facile à ceux-ci que de se fondre dans l’unité asiatique. Kipling ne

  1. Le Réveil de l’Asie, par René Grousset, p. 114 (Plon).