Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/52

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qu’à une seule civilisation et ne se demandait pas si elle convenait au peuple russe. Or, il était bien évident que la Russie qui, prise dans son ensemble, n’était pas européenne, mais qui formait un système eurasien et comme la synthèse de deux races et de deux civilisations, ne s’assimilerait pas exclusivement les préceptes absolus de la civilisation occidentale. « La domination mongole qui dura trois siècles et demi, écrit le marquis de La Mazelière, introduisait en Russie des usages musulmans, comme celui d’enfermer les femmes ; des pratiques chinoises, comme celle des mariages arrangés par des entremetteurs, sans que les fiancés pussent se voir ; des croyances et des coutumes arabes, persanes, turques, mongoles, confucianistes, bouddhistes, taoïstes. Mais surtout, comme les Mongols restèrent longtemps des nomades et toujours des barbares, elle rendit, au moins pendant un temps, les Russes de certaines régions à moitié barbares, et ceux d’autres régions tout à fait barbares… Il était d’ailleurs forcé que la civilisation européenne, d’origine occidentale finît, en se répandant de plus en plus vers l’Orient, par rencontrer des peuples qui ne pouvaient plus devenir complètement européens, même si leur gouverne-


    pas synonymes en Russie. Tant qu’on ne saisira pas ce fait capital, on n’y pourra comprendre rien qui vaille… Les éléments nationaux de la Russie sont formés par ses facteurs et courants occidentaux, tandis que ses courants ethniques sont orientaux, notamment asiatiques-nordiques… Tantôt les uns, tantôt les autres sont devenus prédominants. Finalement les vagues ethniques l’ont emporté, et ainsi on est arrivé à la débâcle de 1917. »