Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/70

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nations orientales », et ceux qui pensent voir en elle, un jour, le soldat d’une puissance blanche quelconque contre les jaunes se trompent. Sans doute, nous l’avons vue batailler constamment contre les jaunes et en guerre avec le Japon, il y a à peine trente ans ; nous la voyons encore, de temps à autre, en difficulté avec les Japonais et avec les Chinois pour sa situation dans l’immense Asie qui est sa terre, celle où elle enfonce ses racines profondes ; mais c’est pour elle qu’elle a combattu, qu’elle discute et qu’elle combattrait encore s’il le fallait. Contrairement à ce que d’aucuns croient et en dépit des points de friction qui existent entre elle et le Japon, l’Union soviétique ne ferait pas nécessairement, dans un conflit entre ce pays et les États-Unis, le jeu de ces derniers, en se tournant contre Tokio. Penser autrement, c’est peut-être trop accorder à l’opinion des historiens et ne pas assez tenir compte de la croissance extraordinaire du Japon et de son expansion dans le monde au cours de ce dernier quart de siècle, croissance que les Russes apprécient certainement plus exactement que personne. Ceux-ci ont fortement ancré au fond d’eux-mêmes le sentiment de leur puissance de terriens et se pénètrent, au contraire, de plus en plus, de la prééminence des Japonais dans le domaine de la mer. Des changements ont pu s’ensuivre dans leurs visées politiques sur l’Asie, et, à notre avis, c’est ce qui a eu lieu.

Que l’Europe demeure l’objectif de la Russie soviétique, ce que Lénine exprimait sommairement