Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ainsi : « Tournons-nous vers l’Asie ; nous viendrons à bout de l’Occident par l’Orient », et peut-être même à cause de cet objectif suprême, les Russes n’en ont pas moins un programme de longue haleine à exécuter en Asie. Et lorsqu’on rêve de venir à bout de l’Occident par l’Orient, il ne faut pas s’exposer à être fixé en Orient sans possibilité de se dégager des pinces japonaises.

D’ailleurs, « la vieille Russie, en ses masses obscures, écrit M. Henri Massis, n’a point cessé de s’opposer aux réformes de Pierre le Grand qu’elle accueillit dans la terreur et où elle ne vit, dès l’abord, que l’approche de la fin du monde, la venue de l’Antéchrist. Les raskolniks moscovites n’ont jamais accepté les idées importées d’Europe par les tsars. Ces Asiates ne se sont jamais sentis liés aux destins historiques des autres races de l’Ouest, et la lutte entre « Slavophiles » et « Occidentalistes », dont les sanglants épisodes remplissent les annales de la Russie moderne, est en quelque sorte la préfiguration du grand drame qui met aux prises l’Orient et l’Occident[1] ».

On se rappelle l’émoi considérable que causa, en Asie, la victoire des Japonais en 1905. Qu’à Saint-Pétersbourg on se sentit uniquement angoissé par la défaite, cela est possible, mais qu’en pensait-on ailleurs ? Est-ce que le sentiment qui remuait si profondément Chinois, Indiens, Indochinois et jusqu’aux populations de l’Asie centrale ne se retrou-

  1. Op. cit., p. 77.