Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/75

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l’activité de compagnies nippones de navigation dans le golfe Persique. Demandez-lui en même temps ce qu’elle pense de la construction de lignes comme le « Turksib » (Turkestan-Sibérie) inauguré en 1930, et grâce auxquelles Moscou espère draîner la production de l’Uzbékistan, du Turkménistan, du Tadjinistan, du Kirghizistan, de ces pays en bordure des Indes qui sont pour la Russie des étapes vers la mer du sud. Demandez-lui enfin si le « Transiranien » qui reliera la mer Caspienne au golfe Persique et fera de la Perse un grand pays de transit, est favorable à son commerce.

Le soin constant de la diplomatie tsariste, depuis le XVIIIe siècle fut de donner aux plaines moscovites un débouché sur le Pacifique ; du moins c’est ainsi qu’il est d’usage d’expliquer la marche des Russes vers l’Est. En réalité ce souci n’était que la seconde phase d’une opération commencée vers la fin du XVIe siècle et qui, en moins de soixante ans, soumit au pouvoir de Moscou le pays entre la chaîne de l’Oural et la mer d’Okhotsk. « On ne pourrait citer aucun autre exemple d’une conquête aussi étendue, accomplie d’une manière définitive en si peu de temps et par un si petit nombre d’hommes, agissant tous de leur propre initiative, sans chefs, sans ordres venus d’un gouvernement lointain[1]. » Les Russes allaient devant eux dans le vide asiatique, sans but déterminé si ce n’est la chasse, au galop

  1. Elisée Reclus, Nouvelle géographie universelle, t. VI, l’Asie russe, p. 177.