Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/76

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des chevaux ou au fil de l’eau sur les grands fleuves, en de légers canots. À la fin seulement, pour une raison biologique, après tant de pays gagnés, l’accès à la mer s’imposa.

Or, ce qui n’avait été tout d’abord qu’une poussée spontanée en Asie, une croissance de l’Etat russe semblable à celle qui avait eu lieu dès le VIIIe siècle dans l’Europe orientale, devint au XVIIIe siècle un programme : « Etablir à travers l’Asie une voie commerciale destinée à créer un débouché continu et suivi vers l’Est ; attirer sur les marchés russes le trafic de l’Extrême-Orient, faire des ports de la Baltique et de la Mer Noire les grands entrepôts des produits de l’Inde et de la Chine. Ce que désiraient les maîtres de la Russie, c’était, en somme, rouvrir ce que l’on est convenu d’appeler « la route de la Soie », afin que les produits d’Extrême-Orient pussent arriver et être vendus en Occident[1]. » Avec les remous de chance et de malchance au milieu desquels s’accomplissent les œuvres humaines, mais avec une méthode admirable, les tsars exécutèrent ce programme. En fait, aucun obstacle insurmontable ne s’opposa cette fois encore à l’avance de leurs troupes. Mais, depuis quelques décades d’années, le Japon surgissant à l’horizon des plaines a masqué l’Océan et Vladivostok a perdu tout intérêt du fait de la construction des chemins de fer mandchous. Comme le Russe

  1. « La rivalité anglo-russe en Asie », par F. Taillardet. (Bulletin de l’Asie française, avril 1935.)