Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/77

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est essentiellement continental, qu’il n’a jamais aspiré à la maîtrise du Pacifique, rien d’étonnant à le voir vendre aux Japonais sa seule voie de communication directe avec Vladivostok, le chemin de fer de l’Est chinois, et orienter sa politique économique dans une autre direction. Au surplus, ses débouchés sur la mer à l’ouest n’ont-ils pas été diminués par la guerre de 1914 ? Le voici donc ramené vers le sud et pour atteindre de ce côté la mer, c’est-à-dire le golfe Persique et la mer d’Oman, il lui faut gagner les sympathies des pays du sud, déployer toute sa diplomatie avec les Persans et les Afghans car il se heurte aux Anglais[1]. C’est par l’Afghanistan et la Perse que sont entrés les grands envahisseurs de l’Inde ; aussi les Anglais veulent-ils que leur influence soit prépondérante dans ces deux pays.

Enfin, la vieille querelle russo-anglaise est entrée dans une période d’activité nouvelle au Turkestan chinois, où l’élément musulman, resté guerrier, s’enrôle volontiers sous le drapeau des Soviets. Attendons-nous à ce que les rapports russo-japonais en Asie centrale s’en ressentent, car les Japonais aussi s’intéressent de plus en plus aux musulmans. En tout cas, l’Asie centrale, voilà dorénavant le grand, le principal intérêt de la Russie. « La diplomatie soviétique compte bien arriver à établir une frontière

  1. Un traité de commerce et de navigation entre la Perse (l’Iran) et l’U.R.S.S. a été conclu dans un esprit très amical pour une durée de trois ans, à compter du 22 juin 1935. En mars 1936, le pacte soviéto-afghan de neutralité et de non-agression conclu en 1931 a été prorogé pour dix ans, jusqu’en mars 1946.