Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/96

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mélange de despotisme et d’anarchie » semblait avoir été, au cours des siècles, « l’expression historique de la vie politique russe » ?…

Asiatique cent pour cent, notoirement pénétré, par conséquent, de l’idée d’une civilisation distincte, dans ses sources mêmes, de la civilisation occidentale, le Japonais est bien plus apte que le Russe eurasien à cristalliser les aspirations de cette Asie, creuset des croyances et où le phénomène religieux ne doit jamais être omis, où toute confiance en une certaine « entente de la vie » revêt immédiatement la forme d’une mystique. Les forces morales qui l’inspirent, l’amour de ses traditions et même son patriotisme farouche sont autre chose qu’un sentiment négatif de révolte contre l’Occident, mais les éléments positifs indispensables à la formation du bloc asiatique.

Certains encore font remarquer que la rapide transformation du Japon n’a pas permis aux nouvelles idées de pénétrer dans le peuple et n’a fait évoluer qu’une élite ; ils en concluent que le dynamisme qui émane de l’élite japonaise, c’est-à-dire d’une minorité, est moins grand que celui qui émanerait d’une population tout entière plus lentement imprégnée de ces mêmes idées… Pourtant une minorité organisée, surtout au point où l’est l’élite japonaise, possède un puissant dynamisme !

Qu’il leur vienne du Russe ou du Japonais, les masses de l’Asie nous paraissent destinées à subir toutes le même ascendant, et c’est pourquoi le fait de l’unité asiatique ne saurait être négligé sans pré-