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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/23

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XVII
PRÉFACE

joints à l’itinéraire de Bretagne, sont grossiers et informes, et il est à regretter que son éducation ait été négligée sur ce point ; car, si ses notes de voyages avaient été accompagnées de dessins, elles formeraient un des fonds les plus importants que nous eût légués le XVIIe siècle.

En somme, Dubuisson fut l’un des premiers érudits qui cherchèrent à réagir contre les vieilles erreurs, sans cesse répétées aux siècles précédents. Il voulait voir clair dans l’histoire et remplacer par l’étude des sources les opinions erronées et les théories préconçues de ses prédécesseurs. Loin de s’en rapporter à d’autres, il étudiait lui-même les monuments et n’hésitait pas à juger et à corriger les auteurs les plus connus.

S’il erra quelquefois, la faute doit en être imputée souvent aux circonstances de ses voyages ou à des auteurs qu’il n’était pas en mesure de rectifier. C’est ainsi que de fausses étymologies, bien excusables à son époque, l’entraînent souvent hors de la vérité. N’oublions pas que Dubuisson est un précurseur, Ce n’est pas un mince mérite que d’avoir su raisonner avec justesse sur des données vagues ou inexactes, d’avoir démêlé les invraisemblances, sondé l’obscurité des conjectures et débrouillé l’écheveau si compliqué des systèmes qui dominaient dans la science de son temps.

Au cours de son voyage en Bretagne, Dubuisson, grâce à la mission officielle de Jean d’Estampes, entra en relations avec les hommes les plus considérables par leur rang et leur savoir, et son itinéraire nous fournit la preuve qu’il ne manqua pas de profiter de cette situation exceptionnelle. A Saint-Malo, il est hébergé, avec son protecteur, par le conseiller au Parlement, René Pépin[1] et Pierre Berthault[2], vicaire général du diocèse, lui ouvre son cabinet ; à Dinan, les Cordeliers[3] lui donnent l’hospitalité, ainsi qu’ils le faisaient pour les personnages importants. Mais Dubuisson devait être surtout bien heureux de rencontrer un confrère en archéologie, et il eut plusieurs fois ce vif plaisir. L’alloué de Vannes[4] Jacques de la Coudraye, sïr de Kerboutier, fut pour lui un précieux interlocuteur et mit à sa disposition non seulement ses connaissances étendues, mais aussi ses riches collections de documents. M. de la Vigne-le-Houlle[5], beau-père du président de Brie, et un certain M. de Robien[6], sans doute aïeul du fameux magistrat de ce nom, s’employèrent gracieusement à satisfaire sa

  1. V. p. 42.
  2. V. p. 47.
  3. V. p. 56.
  4. V. pp. 78, 115, 146, 156, 166, 173.
  5. V. p. 86.
  6. V. p. 110.