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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/22

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PRÉFACE

villes et châteaux de France », d’André Duchesne[1]. Parle-t-il d’un objet rare ou d’un blason, il s’exprime en connaisseur délicat et en héraldiste consommé.

Quant à sa science des devises, des légendes et des inscriptions, elle est relevée autant par ses fortes études littéraires que par un certain tour d’esprit curieux et inventif. It dut à ces qualités spéciales plus qu’à tout autre mérite les charges qu’il a conquises.

Dubuisson ne fut jamais riche ; jamais il ne put aquérir ces objets de haute curiosité qu’il admirait chez les autres, qu’il savait apprécier mieux que personne, mais qui étaient hors de portée pour ses modestes ressources. Il n’en fut pas moins collectionneur, et, à défaut d’objets de prix, il assemblait des estampes, des brochures, des factums. Il aimait les médailles et les débris antiques et en avait recueilli une certaine quantité, bien que réduit à les laisser en dépôt chez des amis, faute de posséder un vaste hôtel comme celui de Gaignières[2].

Il présente d’ailleurs avec ce célèbre collectionneur plusieurs traits de ressemblance remarquables : chez tous deux, mêmes attaches avec de puissants protecteurs, même goût pour les sources historiques, les généalogies, le blason et les monuments du moyen âge, même esprit de critique et même désir de soulever le voile qui leur cachait le passé. S'ils avaient vécu à la même époque (et peu d’années les séparent), nul doute que ces deux bons esprits, unis par une complète communauté de goûts et d’études, ne fussent devenus des amis.

Il ne manqua non plus que quelques années à Michel Bégon[3], le fameux érudit et collectionneur, intendant de la Rochelle, pour profiter des connaissances si variées de Dubuisson-Aubenay. En parcourant l’inventaire de ses collections, rédigé par M. Georges Duplessis[4], nous sommes frappés de la parité des recherches de ces deux savants, et Michel Bégon, si curieux de plans de villes et de détails géographiques, en même temps que de médailles et d’estampes, eût grandement apprécié un pareil collaborateur.

Malheureusement notre auteur ne paraît pas avoir su tenir un crayon. Les quelques croquis[5]

  1. V. pp. 31, note 8, et 159, note 10.
  2. François-Roger de Gaignières, né à Entrains-sur-Nohain (Nièvre), le 30 décembre 1642, mort à Paris le 17 mars 1715 ; d’abord écuyer du duc de Guise (Louis-Joseph, mort en 1671), et logé à l'hôtel de Guise Jusqu’en 1711, puis rue de Sèvres, dans le bel hôtel qui lui appartenait. V. « Gaignières, sa correspondance et ses collections », par M. Ch. de Grandmaison (Bibl. de l’école des Chartes, 1890-93) ; - « Roger de Gaignières et scs collections iconographiques », par M. Georges Duplessis (Paris, 1870, in-4°, extrait de la Gazette des Beaux-Arts).
  3. Michel Bégon, né à Blois en 1638, trésorier de la marine à Toulon en 1677, intendant de la marine à Rochefort, en 1688, mort dans cette dernière ville, le 4 mars 1710.
  4. V. « Michel Bégon : correspondance et documents inédits », par M. Georges Duplessis (Paris, Aubry, 1874).
  5. Deux plans grossiers, l’un de la rade de Brest, l’autre de la baie de Port-Louis, le dessin du Port-Louis et environs, un croquis de Brest et un autre de Morlaix. Dans le texte de l’itinéraire, quelques essais de dessins sont d’une main très inhabile.