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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/25

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XIX
PRÉFACE

nous l’avons déjà fait remarquer) il a grand soin d’étudier la valeur défensive des villes et des forteresses ; il n’oublie pas, en les décrivant, d’observer que certaines places, jadis réputées, ne valent plus rien de son temps ; il cherche l’endroit faible d’une muraille, d’où l’on pourrait la battre ou monter à l’assaut, Ses raisonnements sur Saint-Malo, sur l’enceinte commencée de Saint-Brieuc, sur la tour de Cesson, sur Jugon, Dinan, Concarneau, Quimper, le Fort-Louis, Vannes et la défense projetée de l’entrée du Morbihan[1], sont d’un officier entendu, aussi bien que les jugements qu’il porte sur les milices locales, les gardes-côtes et les garnisons. Partout il essaie de se rendre compte comment, en temps de guerre, places et troupes se comporteraient. Parfois aussi apparaît le collectionneur : Dubuisson achète la « taille-douce « du pèlerinage de Sainte-Anne[2] et regrette de n’y pas trouver de médailles qu’il puisse rapporter en souvenir[3] ; car celles que l’on y vendait venaient d’ailleurs. A Rezé, près de Nantes, il achète à un paysan quelques monnaies romaines, et certains objets antiques, trouvés à Nantes et aux environs, sont décrits par lui avec soin[4].

L’Itinéraire de Bretagne ne peut être comparé à celui d’Arthur Young[5] ; cependant il s’en rapproche par diverses observations qu’il a faites sur l’agriculture et le commerce, sur la fertilité des terrains, les récoltes de blé, de vin et de fruits qu’ils produisent[6]. Nous recommandons les passages où il dépeint avec admiration la presqu’île de Ruis et où il raconte que près de Rezé[7], sur la rive gauche de la Loire, un peu au-dessous de Nantes, on récoltait du vin rouge en même temps que du blanc. Enfin, il apprécie le commerce des ports, surtout de Saint-Malo, note la profondeur des rivières, le tonnage des bateaux qui peuvent y monter et jusqu’aux poissons qu’on y pêche.

Les citations latines abondent dans son texte et parfois il les commente en latin, comme si cette langue exprimait mieux sa pensée[8]. Son orthographe étrange, souvent calquée sur la forme latine du mot, montrant la recherche de l’étymologie poussée à l’excès, et toujours indécise et variable, nous a paru intéressante à conserver. On sait que, de son temps, il n’y avait point

  1. V. p. 179.
  2. V. p. 130.
  3. V. ibidem.
  4. V. chap. XLIII, XLV.
  5. Agronome et voyageur, né dans le comté de SufFolk le 7 septembre 1741, mort le 20 février 1820. Voir ses Voyages en France, édités par M, H.-J. Lesage (Paris, Guillaumin, 1882, 2 vol. in-8° et, sur la Bretagne, le tome I, pp. 150-165.
  6. V. pp. 8, 9.
  7. V. chap. XLII.
  8. V. « Journal des guerres civile », par M. Saige, I, p. VII.