nous l’avons déjà fait remarquer) il a grand soin d’étudier la valeur défensive des villes et des forteresses ; il n’oublie pas, en les décrivant, d’observer que certaines places, jadis réputées, ne valent plus rien de son temps ; il cherche l’endroit faible d’une muraille, d’où l’on pourrait la battre ou monter à l’assaut, Ses raisonnements sur Saint-Malo, sur l’enceinte commencée de Saint-Brieuc, sur la tour de Cesson, sur Jugon, Dinan, Concarneau, Quimper, le Fort-Louis, Vannes et la défense projetée de l’entrée du Morbihan[1], sont d’un officier entendu, aussi bien que les jugements qu’il porte sur les milices locales, les gardes-côtes et les garnisons. Partout il essaie de se rendre compte comment, en temps de guerre, places et troupes se comporteraient. Parfois aussi apparaît le collectionneur : Dubuisson achète la « taille-douce « du pèlerinage de Sainte-Anne[2] et regrette de n’y pas trouver de médailles qu’il puisse rapporter en souvenir[3] ; car celles que l’on y vendait venaient d’ailleurs. A Rezé, près de Nantes, il achète à un paysan quelques monnaies romaines, et certains objets antiques, trouvés à Nantes et aux environs, sont décrits par lui avec soin[4].
L’Itinéraire de Bretagne ne peut être comparé à celui d’Arthur Young[5] ; cependant il s’en rapproche par diverses observations qu’il a faites sur l’agriculture et le commerce, sur la fertilité des terrains, les récoltes de blé, de vin et de fruits qu’ils produisent[6]. Nous recommandons les passages où il dépeint avec admiration la presqu’île de Ruis et où il raconte que près de Rezé[7], sur la rive gauche de la Loire, un peu au-dessous de Nantes, on récoltait du vin rouge en même temps que du blanc. Enfin, il apprécie le commerce des ports, surtout de Saint-Malo, note la profondeur des rivières, le tonnage des bateaux qui peuvent y monter et jusqu’aux poissons qu’on y pêche.
Les citations latines abondent dans son texte et parfois il les commente en latin, comme si cette langue exprimait mieux sa pensée[8]. Son orthographe étrange, souvent calquée sur la forme latine du mot, montrant la recherche de l’étymologie poussée à l’excès, et toujours indécise et variable, nous a paru intéressante à conserver. On sait que, de son temps, il n’y avait point
- ↑ V. p. 179.
- ↑ V. p. 130.
- ↑ V. ibidem.
- ↑ V. chap. XLIII, XLV.
- ↑ Agronome et voyageur, né dans le comté de SufFolk le 7 septembre 1741, mort le 20 février 1820. Voir ses Voyages en France, édités par M, H.-J. Lesage (Paris, Guillaumin, 1882, 2 vol. in-8° et, sur la Bretagne, le tome I, pp. 150-165.
- ↑ V. pp. 8, 9.
- ↑ V. chap. XLII.
- ↑ V. « Journal des guerres civile », par M. Saige, I, p. VII.