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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/35

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DE CANDÉ A RENNES, PAR CHATEAUBRIANT ET BAIN

Chasteaubriant, au bout du fauxbourg : 3° un a droite qui va à Rougeu[1] et est droit et plus court que l’autre de plus d’une lieue ou deux, mais peu fréquenté, pour estre destitué de logement jusques à Rhennes ; 2° autre a gauche, par Tillay[2] et Bain[3] qui est la moitié du chemin et la couchée ordinaire, allant à Rhennes.

En ce chemin-cy[4] on passe la forest de Tillay, dans laquelle il y a quart de lieue de chemin pavé, mais plat et estroit, qui aura esté fait par quelque duc de Bretagne ou, comme ils disent, par les seigneurs de Chasteaubriant ; et le long d’iceluy une creste de terre, sur laquelle des arbres sont venus, mais fort élevée et ferme, comme si c’estoit un reste de chemin romain. Il pourroit plus tost y en avoir sur le chemin par Rougeu que je n’ay pas fait, — Il y a encor un autre chemin qui d’Angers va à Rhennes par Pouancé, laissant, une ou deux lieues loin sur la gauche, Chasteaubriant, et passe de Pouancé à Segre, —

Enfin, au bout de trois lieues, vous trouvez Tillay, qu’ils ont par tradition avoir esté une ville murée, avec fort chasteau dont les ruines paroissent encor.

It y a beau prieuré de femmes[5], régy par des hommes prieurs directeurs, Es plaids de Chasteaubriant, on appelle encor les portes de Tillay jusques au nombre de sept ou huit, ce m’a-t-on dit[6].

De là à Bain[7] il y a deux lieucs de lande, et enfin trouvez Bain, situé sur le costeau, aprez avoir, dans le valon, passé une bonde d’estang d’où sort un ruisseau qui s’en va vers Septentrion, dans la rivière de Samenon[8] cy aprez.

Bain est bourg et terre de 7 à 8 mille livres de rente, apartenant au marquis de la Marzeliére[9] de ce mesme nom, et dont les armes, en la chapelle du nom de Jésus des Cordeliersde Rhennes, sont : de sable à 3 fleurs de lys d’argent ; homme de cinquante ans, de trente mille livres de rente et de 200 mille livres en bourse. A marié sa fille aisnée au baron du Quartier ou du Brossay[10], sa seconde au marquis de Kouetquin[11], gouverneur de St Malo ; sa cadette, qui est son cœur, est belle et à marier. Il n’a point de garcons, demeure à Bellefontaine[12] vers Pontorson et Normandie, ou au Guay[13], cinq ou six lieues de Rhennes. Il ne donne ses filles que 40 mille livres, par advance de succession.

  1. Prononciation rustique pour Rougé, ch.-l. de cant., arr, de Chateaubriant.
  2. Teillay. Vide supra p. 4, note 10.
  3. Ch.-l. de canton., arr. de Redon, I.-et-V.
  4. V. Ogée : « Carte de Bretagne, 1771, »
  5. Prieuré de St-Malo. V. Ogée : « Dict. de Bret. », art. Ercé en la Mée. Il en reste des ruines du XVIIe s.
  6. Ogée, loco cit., dit que les habitants de Teillay « paient annuellement un droit de portes au prince de Condé, »
  7. De Chateaubriant à Bain, Dubuisson a suivi la voie romaine marquée sur la carte d’Ogée. Il n’y avait pas d’autre chemin.
  8. Le Samnon. V. « Hist. de Bret. », I, p, 36.
  9. Francois, marquis de la Marzelière en 1618, baron de Bain et de Bonnefontaine, par. d’Antrain, et sr. du Gué en Noyal, ép. Gilonne d’Harcourt. V. Du Paz : « Hist. généal. des sr. de la Marzelière » ; — « Grandes seig. de Hte-Bret. : la Marzelière, marquisat », par M. l’abbé Guillotin de Corson (Rev. de Bret. et de V., 9bre 1895) ; « Saint-Martin de Bain », par le meme (Récits de Bretagne — Rennes, Plihon et Hervé, 1889 — I, p. 161).
  10. Lire : du Broutay, par. de Guillac et de la Croix-Helléan, terre qui passa aux Quélen par mariage au XIVe s. ; ensuite vicomté, puis marquisat, en 1657. V. la « Bio-Bibliogr. Bret. » de M. R. Kerviler, art. Broutay. Le Cartier était une haute justice en Noyal-sous-Bazouges ; mais nous ne voyons nulle part qu’elle ait appartenu aux Quélen.
  11. Malo, marquis de Coëtquen, gouverneur de St-Malo, ép. la fille ainée du marquis de la Marzelière, et non la seconde. Il y eut plusieurs gouverneurs de St Malo du nom de Coëtquen. V. « Grandes seig. de Hte-Bret, » (Rev. de Bret, et de V., 9bre 1895).
  12. Lire : Bonnefontaine, par. d’Antrain. V. « Notice historique sur le canton d’Antrain » par M. Maupillé (Soc. arc. d’I.-et-V. VI, 1868) ; — « Grandes seig. de Hte-Bret, : baronnie de Bonnefontaine » (Rev. de Bret. et de V., Avril 1893).
  13. Lire : le Gué, seigneurie en Noyal-sur-Vilaine.