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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/39

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RENNES

passe à travers le chemin de Dinan, au dessous du fauxbourg et paroice et par dessous le pont St Martin. Puis arrivant le long de la muraille et de St Estienne, au bout du fauxbourg dit le Bourg l’Evesque, pour relever de la jurisdiction de l’Evesque et chapitre de Rhennes, se sépare en deux bras, et passe ainsy sous deux ponts, chacun de 4 oy 5 piles de pierre couvertes d’ais, et embrasse encore une isle verte (à cause de quoy on pourroit avoir appellée riviere d’Isle) ; puis se rejoint et, au bout d’une mousquetade, conflue et se perd dans la Villaine à une pointe de prairie — comme est la Pointe[1] ainsy appellée, à deux lieues au dessous d’Angers, et qui est une langue ou pointe de prairie entre les rivières de Mayne et de Loire et sur leur confluent — dite la Cotte du Bois Bourbon, droit au-dessous du prieuré de St Cyr et de la perrière qui a donné le nom au fauxbourg dit de la Perrière, qui commence à l’autre bout desdits ponts de la riviére d’Isle, vers ledit prieuré de St-Cyr, De la perrière de Rhennes on monte par eau la pierre pour bastir. C’est pierre froide et mauvaise, tirant à l’ardoisine, Ils ont de la pierre de grain ou grais, luisant de petites papillotes diamantées, et au reste blanc tacheté de gris obscur, qui est comme le granito ou pierre syénitide dont l’obélisque de St-Jean-de-Latran et celuy de la place del populo sont.

En ce confluent la rivière de Villaine est fort profonde et de plus d’une pique. Elle porte bateaus de 40 pipes (quand c’est saison qu’il y ait de l’eau) jusque là, voire jusque dans Ia ville de Rhennes et maisme par de là, une canonnade au dessus, jusques aus moulins de St Hélier.

L’ancien circuit de la ville de Rhennes estoit par où passe à présent la riviére, et sont les vieux restes de muraille encor paroissants, comme j’ay dit ailleurs. On accrut la ville comme elle est à présent, 1421, et furent achevées les murailles de la ville, comme elles sont à présent, par Messire Henry de Villeblanche, capitaine de la ville, an 1444[2]. — Argentré, —

Voila quant à la rivière de Rhennes et a son circuit ancien ou plus tost de temps mitoyen, cest à dire du temps des ducs et comtes de Bretagne ; car il y en a encor un plus ancien et d’ouvrage romain, reticulata forma[3], qui prend depuis l’hospital St Yves, assez loin de la rive de Villaine, et entre le coemetiére dudit hospital et la chapelle St Denys, au coing de devant laquelle cest ouvrage se joint a la muraille nouvelle, à une tenaille ou encoigneure, — où jadis étoit la porte St Denys et où de présent est encor une poterne murée vis a vis de la chapelle St Denys — où ledit ouvrage romain paroist en briques très larges et tenues, et en une toise environ de murailles à très grandes et énormes pierres de taille sans cyment. Puis un peu plus aut, entre ce coin et la porte Mordelaise, entre les tours qui sont d’ouvrage de deux à trois cens ans seulement, il se trouve dans les courtines plusieurs toises et pans de cette muraille reticulato opere, et mesme par delà ceste porte, il y a,

  1. Hameau de la comm. de Bouchemaine, cant. et arr. d’Angers, M.-et-L.
  2. Henri de Villeblanche fut créé lieutenant de la ville en 1442, et gouverneur en 1450.
  3. V. « Hist, de Bret, », I, pp. 133-143 ; — « Hist. archéol, de l’époque gallo-romaine de la ville de Rennes », par A. Toulmouche (ouvrage cité dans la nouv. édit. du « Dict. de Bret. » d’Ogée, II, pp. 516 et suiv.) ; — « Rapport au Maire de Rennes, en 1846 », par M. Hippolyte Vatar, (réimprimé à la suite d’ « Hippolyte Vatar », par M. de la Borderie, et cité dans Ogée, I, pp. 545 et suiv.) ; — « Essai topograph., histor. et statistique sur la ville de Rennes », par l’abbé Manet (Rennes, 1838) ; — « Histoire de Rennes », par le méme et Ducrest de Villeneuve (1845), avec deux plans ; — « Rennes moderne, ou histoire compléte de ses origines, de ses institutions et de ses monuments », par M. Marteville (850), ouvrage inséré en entier dans la nouv. édit. de « Dict. d’Ogée », à la suite de l’article Rennes ; — « Promenade archéologique dans l’ancien Rennes » par M. P. de la Bigne Villeneuve (Soc. archéol. d’I.-et-V., VI, 1868) ; — « La patére de Rennes », par M. Lucien Decombs (Idid., X11, 1879) ; — « Trésor du jardin de la Préfecture de Rennes, avec plan de la ville gallo-romaine », par le méme (Ibid., XV, 1882) ; — « Les milliaires de Rennes, découverts en 1890 », par le même (Ibid., XXI, 1891), avec une curieuse planche coloriée, reproduisant un fragment des murailles romaines de la ville.