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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/40

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comme on veut, quelque vestige et apparence de restes romains, Puis à la porte Mordelaise, contre la pile ou jambage soutenant le bout de la voûte, en dedans la ville, il y a une pierre mise de travers et portant ceste inscription romaine ;

IMP CAES
M ANTONIO
GORDIANO PIO
FEL AVG P M TR
P COS O R

Ceste inscription[1] est dans Argentré, édit. de l’an 1618, mais fort mal, la finissant comme cela :

COS P Q R D

ce qu’il interprète : consuli populoque romane dedit. Mais il est faux qu’elle soit comme cela ni autrement que comme nous l’avons icy.

Au fauxbourg septentrional, comme on va à Dinan, il y a, le long de la rivière d’Isle, une rüe assez basse de situation, qu’on appelle la Rüe Aulte. Cela semble dire qu’elle ait été aulsée par artifice, comme la Aulte Rüe d’Estampes, par où passoit le chemin romain de Paris par la Salioclita[2] Genabum[3], etc… jusqu’à Austun.

Tous lesquels vestiges tesmoignent que si Rhennes n’est pas le Condate Rhedonum, au moins elle est une place romaine, comme les susdits vestiges vérifient, Les Bas Bretons l’appellent Rhedon[4], et pour la ville de Rhedon, ils l’appellent Roton[5].

J’adjouste à ce que dessus que Rhennes a esté cy-devant appellée civitas rubra (rhuz[6], en bas-breton, signifie rouge), à cause des murailles qu’elle avoit de brique ; comme Vennes[7] (guen signifie blanc), civitas alba, selon de vieux vers qui sont en un livre qu’a le Sr du Broutay Quellen[8], lieutenant au gouvernement de la ville ; desquels vers, de la cité rouge et des murailles de brique de l’ancienne cité, Argentré fait mention au chapitre de Rhennes, où il adjouste que le circuit de Rhennes, parsus ses murs aujourd’huy, est de 3.450 marches ou pas communs, et que c’est la ville de la plus grande estendüe de Bretagne, en très bonne assiette, et jugée forte de tous les hommes de guerre, en sorte qu’il y a peu de villes en France qui la secondent. — Belle, belle, o bone vir, sed nunc non est vere. —

  1. Cette inscription, jadis encastrée dans une des tours de la porte Mordelaise, est aujourd’hui au musée de Rennes. Elle doit se lire ainsi ; Imperatori Cœsari Marco Antonio Gordiano, pio, felici, augusto, Pontifici Maximo, tribunitia potestate, consuii. Ordo Redonum. Elle s’adresse à Gordien III (237-344). V. « Hist. de Bret, », I, p. 142 ; — « Etudes philologique » sur les inscriptions gallo-romaines de Rennes » par M. Mowat (Soc. archéol. d’I.-et-V., VII, p. 307) ; — « Dict. de Bret. d’Ogée, 2e édit., II, p. 446.
  2. Saclas, petit vill. de l’Ile-de-France, en Beauce, à deux lieues au sud d’Etampes.
  3. Orléans.
  4. Vide supra, p. 9, note 4.
  5. V. « Chrestom. Bret. », I, p. 163.
  6. Lire : ruz.
  7. En breton, Gwened, Guenet, transformation de Veneti. V. « Chrestom. Bret. », I, p. 57 ; — « Origines histor, de la ville de Vannes », par M. A. Lallemand, p. 11.
  8. Vide supra, p. 7, note 10.