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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/41

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Les murailles de Rhennes, quant à présent, sont de pierre ardoisine et quelque peu de brique par cy par là. Il y a des rocs de ceste pierre mesme dans les fossés. Lesdites murailles sont à créneaus, machecoulis et tours fort proches l’une de l’autre.

Le circuit est médiocre et comme d’une demi-heure ou fort petite heure de chemin. Il y a six portes séparées par la rivière, à scavoir du costé du Septentrion la porte St Georges, du Foulon, de St Michel, Mordelaise (de Mordelles) ; de l’autre costé de la rivière, du costé du Midy, la porte de Toussaints et la porte Blanche.

Il y a bons faux bourgs, dans lesquels et dans la ville sont 9 paroices[1], — dont les pasteurs s’appellent recteurs et leurs vicaires s’appellent curés — et plusieurs monastères : de St Georges[2], filles de l’Ordre de Fontevrault, dans la ville, joignant la porte St Melaine, dont la première abbesse fut Adèle fille du duc Geoffroy Ier, qui vivoit l’an 1000 ; dont l’abbesse est riche et a droit de chevauchée dans la ville, ce que l’on tire en raillerie. Les Carmes[3], les premiers de la réformation dite mitigée* Les Jésuites[4] tout joignant, qui ont beau collège, dit de St Thomas[5] (qui est le collège ancien), belle cour quarrée, très belles classes, toutes hormis la théologie, et deux mil cinq cents escholiers ; beau jardin aboutissant à la rivière, à la rive droite, une Eglise nouvelle encommencée d’ordre dorique, de pierre blanche et à grain, 12 mil livres de rente en prieurés et pension de la ville. En leur jardin il y a de la vigne virginée, qui monte tousjours et s’attache maisme aus pierres polies, comme et plus agilement que le lierre, mais sans faire mal ; pour grappes, du raisin menu comme testes d’épingle, qui sert à médecine, et noir. Ses feuilles, qu’elle ne perd jamais, deviennent rouges quand les feuilles tombent aus autres vignes, en automne.

Et un peu plus bas sont les Ursulines[6], grand bastiment et de grande monstre. St François ou les Cordeliers[7], maison des anciennes de leur Ordre. Les Jacobins[8], hors la ville, dits Bonnes Nouvelles à cause de la chapelle Nostre Dame de Bonnes Nouvelles, oh est un vitrail de Mr de la Hunaudaye[9] baron de Molac, représenté priant, la longue robe, le coller d’Ordre, la coronne comtale en teste, sa femme de l’autre costé. Ses armes sont là, palées d’argent et d’azur de six pièces, avec toutes les alliances, entre lesquelles est celle de la Hunaudaye Tournemine, équartelée d’or et d’azur, ce me semble.

Es Cordeliers est la chapelle d’Assigné[10], issus de Vitré, cadets des Comtes de Nantes, ce dit

  1. Sur les paroisses de Rennes, voir les « Mélanges histor. sur la Bret. », par M. l’abbé Guillotin de Corson, II, p. 188.
  2. V. D. Morice, Pr. I, col. 368-372. — Gall. Christ. XIV, col. 782 ; — « Dict. de Bret. d’Ogée », 2e edit., II, p. 583 ; — « Pouillé histor. de Rennes », II, pp. 253 et suiv. — « Cartulaire de l’abbaye de St Georges de Rennes », par M. de la Bigne-Villeneuve (Soc. Archéol, d’I.-et-V., IX, 1875, et X, 1876). — « Rapport sur le cartulaire de St Georges » (Assoc. Bret., congrès de Vitré, 1876}.
  3. V. « Pouillé histor. de Rennes », III, p. 123 ; — « Hist. des Carmes de Bretagne », par MM. de la Borderie et L. de Villers (Rennes, imp. Simon, 1876).
  4. V. « Dict. de Bret, » d’Ogée, 3e edit., II, p. 486, note 1 ; — « Pouillé histor. de Rennes », III, p. 158 ; — « Notice historique sur la maison de Bellevue. près Rennes », par M. l’abbé Guillotin de Corson (Récits de Bretagne, I, p. 2).
  5. Les Jésuites en prirent possession le 30 août 1604.
  6. V. « Pouillé histor. de Rennes », III, p. 231.
  7. V. « Pouillé histor. de Rennes », III, p. 131,
  8. V. « Pouillé histor. de Rennes », III, p. 145 ; — « L’ancien couvent des Frères Prêcheurs à Rennes », par M. l’abbé Guillotin de Corson (Mélanges historiques, II, p. 131).
  9. V. Du Paz ; « Histoire généal. des Sgrs de la Hunaudaye » ; — « Anc. Evêchés de Bret. », V, p. 294.
  10. V. Du Paz : « Hist. généal. des marquis d’Acigné. » ; — « Grandes seigneuries de Hte Bret, : marquisat d’Acigné » (Revue de Bret. et de V., 8bre 1893).