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LES YEUX FERMÉS

Pour Julien Leclercq.

Dans l’ombre des rideaux hantés par les chimères,
Quand les petits enfants pleurent de peur, les mères
Viennent les câliner de merveilleux récits.
 
Ils s’endorment, bercés par un songe de fées,
Dont les robes d’azur d’étoiles agrafées,
Traînent dans les lueurs de palais imprécis,

Où, sur un rythme lent de viole, des couples
Dansent nonchalamment, cambrant leurs tailles souples
Dans le brocart semé de joyaux éclatants.
 
Toute blanche, comme une aubépine fleurie,
Voici la Belle-au-bois-dormant : on la marie,
Ce soir, au bien-aimé qu’elle attendit cent ans.