boîte aux ordures ! Nos malles sont faites ; nous partirons demain matin à quatre heures.
Rrighton, le 20 juillet —A Trouville, à Cabourg, à Dieppe et à Boulogne, le petit duc rencontrait des amis ;on me le dérangeait ! Enfin, sur cette plage anglaise d’un luxe effrayant, nous revenons à nos mystérieuses amours, loin des yeux indiscrets et des lèvres bavardes. La plupart des serviteurs gardent l’hôtel des Champs-Elysées ; monsieur se contente de son domestique, et moi, j’ai seulement amené ici la géante, une cuisinière et une femme de chambre. Notre villa est située au bord de la mer, et le spectacle...
Le 22 juillet. Les toilettes ? Les mœurs ? Il en sera des mœurs et des toilettes comme du spectacle de la nature ; des points !... A la ligne !... Est-ce que je viens dans ce pays pour y observer quelque chose ou quelqu’un, en dehors de mon compagnon de chaîne et de ses défaillances ?
Le 24 juillet. — Nervosité extrême. — L’air de la mer est défavorable à l’ennemi.
Le 25 juillet. — Le monstre mange à peine : la nuit, il s’agite plus fort ; il ne dort plus ; les cauchemars redoublent. Le 26 juillet. — Gontran interroge les médecins, et comme le malade — mon cher malade — n’avoue pas la cause de son mal, nous rions ensemble des consultations auxquelles je l’in- vite à ne point ajouter foi et des ordonnances que je lui défends de suivre. Le premier médecin a ordonné les laxatifs : bouillon d’oseille — lavements. Le second, les toxiques : quinquina — hydrothérapie. Un troisième, les antispasmodiques : valériane — assa foetida — bromures — frictions sèches — électricité statique.
Le 1er août — Le petit duc a déjà interviewé tous les médecins de la plage, contre espèces sonnantes, et les charlatans de la vieille Angleterre, aussi fameux que nos princes de la science, ont répondu avec leurs griffonnages habituels. Il était malaisé de traduire, et l’on n’a pas cherché à comprendre.
Le 2 août. — Nous sommes en train d’inventer le jeu des « petites ordonnances ». Gontran mêle dans son chapeau de paille les feuillets en question, et je tire. Voici les bulletins du dépouillement initial :
1° Prendre matin et soir, avant chaque repas,un des cachets suivants : — valérianane de quinine, 30 centigrammes. Pour un cachet f. s. a. (facile secundum artem), 15 cachets.
2° Alimentation intensive : viande crue et hachée, de 100 a 150 grammes, au repas du matin.
3° Une douche froide de 10 à 12 secondes, suivie d’une fric- tion d’un quart d’heure, avec le gant de crin.