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JOURNAL

vaisseau. Ce fait attira l’attention de plusieurs d’entre nous qui, jusqu’alors, avaient été incrédules sur l’existence de ces poissons. Ils ont de huit à douze pouces de long, et ne s’envolent que lorsqu’il vente, dirigeant toujours leur vol sur le vent ; leur nombre augmentait à mesure que nous approchions de l’équateur car ils n’habitent que les régions tropicales. Depuis que nous étions embarqués, l’on nous faisait laver le pont de notre appartement tous les jours et aussi blanchir pendant tout le temps que nous mîmes à passer d’un tropique à l’autre. C’était pour conserver la salubrité de l’air parmi nous. Le 11 il fit beau temps. La chaleur des tropiques commençait à se faire sentir et nous incommodait déjà. Nous courrions toujours au Sud-Est. Nous aperçûmes un vaisseau Espagnol à l’Est, faisant route de ce côté.

Le 12 nous ne montâmes pas sur le pont. On nous occupa tout le jour à nous faire blanchir et laver notre appartement. Sur les cinq heures de l’après midi nous fûmes étonnés d’un bruit d’armes qui se faisait sur le pont et le va-et-vient des soldats et de l’équipage qui en un instant furent armés de fusils, de sabres et de pistolets. Nous ne pouvions nous expliquer cette manœuvre. Ensuite quelques officiers descendant avec des soldats armés nous font monter dans l’entrepont dans un espace d’environ vingt-cinq pieds carrés, au nombre de cent quarante-un que nous étions. Là sans nous donner un mot d’explication, ils nous renfermèrent sous clef, et se faisant donner les clefs de nos coffres et valises,