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D’UN EXILÉ

Le 23 nous eûmes une forte brise Nord-Ouest qui dura jusqu’au vingt-six. Le ciel était couvert de gros nuages. Nous étions sous les 20° latitude Sud.

Le 27 fut calme toute la journée. Comme il était décidé que nous devions arrêter à Rio-Janeiro, nous fîmes demander au Capitaine la permission d’acheter du sucre et des fruits à même l’argent qu’on nous avait enlevé par son ordre. — Car dans la situation où nous étions nous soupirions beaucoup après des fruits ainsi qu’après toute chose raffraichissante. Le capitaine nous fit annoncer que nous pouvions acheter ces choses ; que nous n’avions qu’à faire un mémoire de tout ce que nous voulions et qu’il nous le procurerait ; cette nouvelle nous causa une grande joie.

Le 28 à dix heures du matin on aperçut les côtes du Brézil qui sont fort élevées. La vue de la terre nous fit éprouver une vive sensation de plaisir ; bien que nous ne pussions rien espérer pour notre liberté. Mais ce mot de Terre changé depuis si longtemps en celui de mer, nous rappela de doux souvenirs du pays. La joie que l’on ressent dans ces circonstances est inexprimable. Le lendemain à six heures du soir nous arrivâmes à l’entrée de la Baie de Rio mais comme le vent était contraire, nous fûmes obligés de tenir le large jusqu’au lendemain ; et le 30 à dix heures du matin, à l’aide d’une faible brise, nous entrâmes et mouillâmes devant la ville auprès de quelques frégates Anglaises qui se trouvaient dans le Port. Plusieurs officiers