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Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/26

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JOURNAL

route pour entrer dans la rivière. Vers midi le vent tourna un peu ; de manière que nous longeâmes la côte avec assez d’aisance. À huit heures du soir nous nous trouvions assez près de terre pour pouvoir distinguer la lumière des chandelles et les feux des habitans de la Côte. Le vent tomba tout à coup, et dans le courant de la nuit, s’éleva du côté de la terre avec violence. Nous fûmes poussés au large et tellement que lendemain nous ne voyions plus la terre. Nous fûmes tant contrariés par les vents que nous fûmes à louvoyer jusqu’au douze, sans pouvoir parvenir à l’embouchure de la rivière. Ce ne fut que dans l’après-midi de ce jour que le vent ayant un peu changé, nous entrâmes avec aisance dans la rivière ; et vers quatre heures de l’après-midi nous mouillions devant Hobart-Town, principale ville de Van-Diémen. Nous fûmes ainsi jusqu’au quinze sans avoir de nouvelles. — Durant ce temps, du Port où nous étions, nous pûmes contempler la ville et ses environs. Enfin le quinze, les prisonniers du Haut-Canada, reçurent notification de se tenir prêts à débarquer le lendemain. Et en effet le jour suivant à cinq heures du matin, ils débarquèrent pour s’en aller à terre sans autre escorte que les hommes qui avaient été envoyés pour conduire les berges. Nous apprîmes qu’ils avaient été à deux milles de la ville. Ils partirent tous bien courageux pour se rendre à leur établissement pénal.

Le 16 et 17 nous montâmes sur le pont comme à l’ordinaire. Nous contemplâmes la ville du mieux que nous pûmes. Elle nous parut un